En avoir ou pas
Le pouvoir d'achat est au cœur des esprits. Tellement présent, j’ai pu le constater lors de l’échange organisé le 29 novembre à Champigneulles, que l’on pourrait penser que notre consommation, principal moteur de notre croissance, venait subitement de s’effondrer ! Fort heureusement ce n’est pas le cas. D’un autre côté, je suis très surprise que pour certains économistes qui résonnent à moyen et long terme il n’y a pas de problématique spécifique du pouvoir d’achat. Car du strict point de vu chiffré, la quantité des biens et des services que l'on peut acquérir avec un revenu donné – qui correspond grosso modo à la définition de l'INSEE du pouvoir d’achat – n'est pas en baisse mais progresse. De plus, j’ai pu lire que c’était plutôt les besoins qui ne cessaient d'augmenter, de se créer constamment, et qui, mis bout à bout, finissaient par asphyxier des ménages dont le salaire dans le même temps restait relativement stable ou en tout cas ne pouvait suivre la frénésie de consommation ambiante.
Certes cette mutation existe dans les modes de consommation et on retrouve dans le budget du quotidiens des biens et des services qui n’existaient pas il y a 20 ans : téléphone mobile, console de jeux, internet.. La prise en compte du progrès technique a un coût mais ne saurait tout expliquer.
Ce fort décalage et ce sentiment d’incompréhension mutuel entre citoyen et spécialiste ne peut perdurer. Il revient aux élus d’entendre le constat fait au quotidien du renchérissement de nombreux produits de première nécessité qui conduit à une impression de perte de qualité de vie et de travailler à des propositions viables, efficaces et qui ne consistent pas une nouvelle fois à alourdir l’endettement qui pèsera sur les générations futures. Car des réponses il en faut et je sais que le Gouvernement travaille à celles-ci.
Par contre je rejoins volontiers ces mêmes économistes sur le fait que la France accuse un déficit croissant de ses comptes extérieurs, car pour être crédible il faut être honnête intellectuellement. En effet pour répondre à une consommation qui reste très dynamique nous devons importer de plus en plus de biens et services. Très clairement, nous ne produisons pas assez et pas dans les bonnes directions ce qui continuera à nous pénaliser quelques soient les mesures de soutien au pouvoir d’achat qui seront prises.
A cet égard, la stratégie du chef de l'Etat est intéressante. D'abord parce qu'après le Grenelle de l'Environnement, une nouvelle économie autour du développement durable va pouvoir émerger. La mise en place dans le collectif budgétaire des éco-taxes sur les véhicules peut-être considérée comme un premier exemple du mieux consommer. Ensuite parce que le fameux « paquet fiscal » va dans le bon sens en poussant à échanger les loisirs contre le travail sans puiser dans les deniers publics. Cela doit nous permettre de mieux produire.
Au final, il est vrai que nombreux sont ceux qui rencontrent au quotidien de réelles difficultés. La contrainte des 35 heures y est évidemment pour quelque chose. Mais il y a une autre explication : temps partiel subi, effets de seuils importants entre revenu de l’assistance et revenu du travail lors de la reprise d’activité, difficultés dans l’insertion professionnelle des jeunes….
C’est aussi sur ces questions qu’il nous faut inventer des mesures spécifiques pour l’insertion professionnelle attractive, chantier lancé par Martin HIRSCH ou la flexisécurité, dossier porté par Xavier BERTRAND. En relevant ce défi, nous permettront une meilleure distribution des revenus et nous pourrons poursuivre le défi de l’assainissement des finances publiques. Alors là, la croissance du pouvoir d’achat sera durable et plus juste.